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vendredi, avril 19, 2024

Mains basses sur les golfs

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De véritables guerres éclatent année après année entre les citoyens, les villes et les promoteurs immobiliers. Des terrains de golf du Sud de la Floride sont au cœur de ces batailles qui, généralement, s’éternisent avant d’aboutir souvent entre les mains des spéculateurs.

Dans certains cas, les contribuables dont les propriétés bornent les allées et les verts, peuvent crier victoire, eux qui refusent de voir des édifices venir ternir le paysage. Au cours des dernières années, les luttes se sont multipliées en raison de la voracité des investisseurs qui tentent de profiter des situations financières moins prospères de certains terrains de golf.

Les affrontements éclatent dans de nombreuses villes des trois comtés du Sud de la Floride, Palm Beach, Broward et Miami-Dade. West Palm Beach, Boca Raton, Delray Beach, Pembroke Pines, Tamarac, Fort Lauderdale, Sunrise, Hollywood et Kendall ont toutes vécu les confrontations reliées à la nouvelle vocation que les constructeurs veulent donner aux golfs en situation précaire.

Les chicanes sont épiques, que ce soient des corporations, des individus ou des villes propriétaires de ces grands espaces verts. On a répertorié 14 117 golfs aux États-Unis. En 2016, ce sont 211 qui ont mis la clef dans la porte alors que seulement 15 ont été construits.

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Vince McLaren, évaluateur des terrains de golf dans le comté de Palm Beach, indique que 149 terrains de dix-huit trous existent dans ce comté et qu’une dizaine est justement dans le collimateur des bâtisseurs. Du jamais vu.

Il n’y a pas autant de terrains de golf dans Broward et Miami-Dade. L’évaluateur de Broward, Marty Kiar, estime que 45 sont en opération dans son comté tandis que Pedro Garcia en compte 37 dans Miami-Dade.

Plusieurs parcours sont devenus des quartiers de ville depuis une dizaine d’années. L’Association des Clubs de Golf du Sud de la Floride ne donne pas de précision à ce chapitre. Parmi ces golfs, il y a le Century Village à West Palm Beach, tout comme le Hillcrest d’Hollywood, le défunt Oak Tree et le Woodmont, où l’on vient d’entreprendre la construction des infrastructures sur l’un de ses deux 18 trous.

Le Oak Tree à Oakland Park a été fermé pendant 10 ans avant que l’on réussisse à franchir tous les obstacles pour, peut- être, arriver à y construire un oasis urbain de 850 maisons. Le développeur Pulte Group en est le maitre d’œuvre, lui, qui domine la compétition dans ce marché.

Le Hillcrest a aussi rendu l’âme. Ses parcours ont laissé la place pour qu’on y construise 645 maisons unifamiliales et des maisons en rangées. La construction va bon train. On peut s’interroger à savoir si la clientèle se ratatine en raison de la hausse des coûts des abonnements et des parties, ou par manque d’intérêt des nouvelles générations.

Pour des gens du milieu, il s’agit plutôt d’une correction naturelle du marché à la suite d’un boom à partir de 1986, où les parcours poussaient comme des champignons. Reste que les fermetures se multiplient.

À Boca Raton, le Ocean Breeze a mis fin à ses activités, justement incapable d’équilibrer son budget. Le Grand Boca Raton Beach and Park District tente de l’acheter pour 24 millions de dollars pour y investir tout au moins 10 millions de dollars en rénovation avec l’intention d’y construire un hôtel, un centre commercial et un centre de formation de golf.

Toujours à Boca Raton, le Mizner Trail, fermé depuis quelques années, reste sans la moindre vocation.

Les résidents voisins préfèrent un espace vacant plutôt que des édifices en hauteurs. On songe à démolir le chalet des golfeurs. Toujours à Boca Raton, des contribuables ont mené une lutte sans merci pour bloquer la construction du golf Ocean Breeze tandis que le golf municipal est à vendre. La ville de Boca Raton est propriétaire de deux parcours : L’Exécutif Red Reef Park acheté en 1974 et le parcours municipal, qui perd des plumes avec un déficit de 234 000 $ l’année dernière.

À Tamarac, la municipalité a versé quatre millions de dollars pour acquérir le golf Colony West, particulièrement fréquenté par les Québécois. On y a injecté 7,4 millions de dollars pour le moderniser y construisant un nouveau chalet pour les golfeurs. Les affaires vont rondement à cet endroit puisque de 2014 à 2016 le nombre de parties jouées a doublé à 60 696. Un Fairfield Inn de 120 chambres, géré par Marriott, devrait bientôt être érigé à proximité.

La ville de Sunrise est propriétaire du Springtree Golf Club depuis 1974. Ses pertes au cours du dernier exercice financier atteignent les 800 000 $ en raison de l’investissement de trois millions en 2010 et d’une contribution de 1,2 million consentie chaque année par la municipalité pour maintenir les opérations.

Construction en cours sur le Hillcrest, Hollywood
Construction en cours sur le Hillcrest, Hollywood

Le Davie Golf and Country Club, anciennement appelé Arrowhead, a également été acquis par la ville en 2011 pour 4,5 millions de dollars afin d’empêcher les spéculateurs de se l’approprier. Ce golf a montré des bilans positifs de 12 et 13 mille dollars durant plusieurs années mais l’an dernier, les pertes ont atteint les 29 000 $.

À Pompano, le gouvernement municipal a construit son propre golf dans le but d’amener des activités récréatives aux résidents et aux touristes. La ville y a fait des rénovations à la hauteur de quatre millions de dollars en 2012. Le déficit frôle les 600 000 $ chaque année.

Dans Miami-Dade, une confrontation tourne autour de l’avenir du golf Calusa, à Kendall, où encore là on s’affronte pour déterminer ce que deviendra le parcours de golf.

Il ne faut pas se méprendre. Plusieurs clubs de golf du Sud de la Floride restent rentables et offrent d’excellentes conditions aux golfeurs. Les moins nantis sont souvent les plus vulnérables parce qu’ils ne peuvent apporter les meilleurs soins à leur terrain et services aux golfeurs.

Malgré toutes ces guéguerres à Delray Beach, Pembroke Pines, Tamarac, Fort Lauderdale, Hollywood et Kendal, les promoteurs immobiliers en sont presque tous sortis vainqueurs dans le cas où le ou les propriétaires n’étaient pas des municipalités. Il ne faut pas croire que la pugnacité des constructeurs va se calmer au cours des prochaines années. Il n’y a plus de grands espaces verts disponibles au cœur des nombreuses villes de la région.

Les terrains de golf vulnérables deviennent les cibles toutes indiquées pour les entrepreneurs qui, pour faire pencher la balance de leur côté, répètent ad nauseam que 500 ou 600 résidences rapportent davantage aux trésoreries municipales et de comtés qu’un terrain de golf.

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