Le gouverneur de la Floride est confronté à une vague de protestations en raison de son laxisme face à la marée rouge qui frappe l’État de la Floride depuis quelques mois.
En pleine campagne électorale, Rick Scott est pris à parti par différents organismes et de nombreux citoyens qui l’accusent de n’avoir pris aucune mesure pour contrer ce fléau qui pollue les plages de la Côte-ouest , particulièrement entre Tampa et Naples, sur une distance de plus de 200 miles.
Le gouverneur a beau avoir décrété l’état d’urgence lorsqu’est apparue cette marée baptisée « red tide », les manifestants lui reprochent d’avoir, durant ses mandats de gouverneur, reporté à plusieurs reprises, les mesures nécessaires pour éliminer ce fléau qui contrairement aux années dernières ne cesse de prendre de l’ampleur.
Lors d’une visite dans le Sud-est de la Floride, des manifestants lui ont bloqué le passage sur le trottoir devant un restaurant où il s’était arrêté.
Monsieur Scott a été forcé d’emprunter la porte arrière de l’établissement pendant que les contestataires le qualifiaient de lâche pour n’avoir posé aucun geste concret pour combattre le phénomène dévastateur des plus belles plages de l’État. La proposition du gouverneur à son adversaire démocrate Bill Nelson, de faire une tournée en bus à travers l’État, est tombée mal.
La ceinture des algues rouges étouffe littéralement les plages et provoque la mort de milliers de poissons que l’on retrouve sur les rives.
On estime que plus de 100 tonnes de vie marine dont des dauphins, des lamantins, des tortues et des poissons ont été retrouvés sur les grèves.
La marée rouge est un phénomène causé par la Kerenia brevis, une espèce microscopique particulièrement présente dans le golfe du Mexique.
Généralement, elle se trouve tout au long de l’année en faible quantité.
Mais une reproduction épidémique en fait un véritable prédateur pour la faune et flore aquatique.
Les résidus de l’agriculture industrielle et le mauvais traitement des eaux usées des fermes contribuent à proliférer les algues de toutes sortes.
Depuis le 7 août, plus d’une douzaine de dauphins se sont échoués sur les rives de la mer, ce bilan équivalant à celui d’une année. Les commerçants montent également aux barricades parce que cette épidémie les prive de millions de dollars, particulièrement chez les pêcheurs et les touristes.
Les riverains deviennent aussi de grandes victimes de ce fléau. Ils réclament des mesures pour assainir les eaux. Ils réclament la construction de lacs qui retiendront l’eau potable où l’on traitera les eaux scrupuleusement.
On les comprend. Comment vendre une propriété près d’une voie tapissée d’écume verte, jaune ou rouge et de poissons morts?
Une marée rouge importante a frappé ces régions en 2005-2006 mais les conséquences n’avaient pas atteint la présente situation.
Pour revenir au gouverneur Scott, il a, le 13 août, décrété l’état d’urgence dans sept comtés de la Floride pour lutter contre ces algues rejetées par le lac Okeechobee. On tentera de stocker l’eau dans des zones au sud du lac.
Le gouverneur a demandé de consacrer plus de temps à l’analyse de l’eau et a ordonné de mettre en place un programme de subventions pour aider les municipalités à payer les services de nettoyage.
La Fondation Everglades a utilisé la déclaration d’urgence du gouverneur pour réclamer l’appui du gouvernement de Washington pour construire un réservoir pour protéger l’eau potable.
Les démocrates accusent Rick Scott d’avoir coupé les budgets destinés à la lutte contre la contamination des eaux du lac Okeechobee.
Les gouverneurs de l’État de la Floride ont, depuis des décennies, repoussé les corrections nécessaires pour prévenir cette énorme pollution qui, aujourd’hui, prend des proportions alarmantes.
En 1996, le vice-président américain Al Gore avait proposé d’acheter 140 000 acres de terre agricole au coût de 600 millions de dollars pour créer un marais filtrant, ce qui aurait protégé l’environnement et accélérer la restauration et la mise en valeur des Everglades pour plus de 25 ans, selon Nathaniel Reed, le grand environnementaliste de la Floride du Sud.
« Si nous n’obtenons pas cet argent, je ne verrai pas cette restauration de mon vivant » avait-il dit.
Monsieur Reed est décédé il y a quelques semaines à l’âge de 84 ans.
Il avait raison. À la veille de 2019 tout est à faire.
