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jeudi, mars 28, 2024

Les « French-Créoles » des États-Unis

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En ce mois de février, mois de l’histoire des noirs d’Amérique, il est intéressant d’apporter quelques précisons sur la question des « créoles » et les nuance que l’on peut y apporter entre « french » et « afro ». À l’époque de la Nouvelle-France, le terme « créole » est utilisé pour désigner les colons de race blanche ainsi que les enfants de parents esclaves nés dans les colonies. De nos jours, même si sur le plan académique le mot créole garde toujours la même définition, il est dans la pratique utilisé pour désigner les populations noires et métisses issues de la période de l’esclavage en Amérique et dans les Caraïbes.

Les « French-créoles » de la Louisiane française

Il faut savoir que la notion de «French-créole» a pris forme après 1763 (traité de Paris) avec la fin de la Nouvelle-France qui passe sous contrôle britannique à l’exception de la partie de la Louisiane située à l’ouest du Mississippi qui elle passe sous contrôle espagnol jusqu’en 1803 date à laquelle elle redevient française.

Dans cette Louisiane régie par des lois françaises même pendant la période espagnole, on y trouve deux populations : une « blanche » constituée majoritairement par les colons et une « noire » généralement des esclaves. Il existe cependant des noirs affranchis prospères qui eux-mêmes ont des esclaves. La plupart d’entre eux viennent des colonies françaises des Caraïbes (Saint Domingue/Haïti, Martinique et Guadeloupe) où ils ont été affranchis. D’autre part, en Louisiane française, le mélange racial existe, les mariages mixtes sont possibles et il est fréquent que le « maitre » blanc ait comme conjointe une ancienne esclave et donc des enfants métisses.

À l’origine, quand on parle des « French-créoles » on parle aussi bien des blancs que des noirs, ainsi que de tous les enfants métisses nés des unions interraciales. Sous les régimes français et espagnol, les mariages interraciaux étaient acceptés à condition que les deux époux soient libres au moment des noces. En fait, on peut avancer l’idée avec certains chercheurs, que le mot « créole » ne signifie pas une couleur de peau, mais plutôt une culture.

Les « French créoles  » des États-Unis après 1803

L’année 1803 marque un horrible tournant dans la dynamique sociale et politique de la Louisiane. Elle devient la propriété des États-Unis qui pratique une politique de ségrégation raciale où les noirs sont vraiment des citoyens de deuxième catégorie et bien souvent encore moins. Les « French-créoles » non blancs sont alors progressivement amalgamés aux Afro-américains et on parlera alors des « Afro-créoles ». Du jour au lendemain, ils vont devoir subir le racisme des anglo-américains blancs comme tous les autres afro-américains du pays.

Il y a une loi qui touche tout particulièrement les French créoles blancs, noirs et métisses, c’est celle des mariages interraciaux, car ils sont désormais totalement interdits. Pour pallier à cette nouvelle situation contraignante, et permettre une union interraciale, une procédure très originale va prendre sa place dans la dynamique sociale louisianaise. La jeune fille créole de couleur libre était suivant l’expression « placée » chez un patron blanc qu’il soit créole ou non.

Il faut remarquer ici que cette procédure de « plaçage » avait également une fonction sociale autre que celle de contrecarrer l’interdiction des mariages interraciaux, c’était aussi et surtout en premier lieu une façon de trouver un emploi comme domestique dans des familles aisées blanches et sortir du monde de la pauvreté.

Des « Afro-French-créoles » célèbres

Ils sont nombreux ces « Afro-French-créoles » qu’ils soient de l’époque du régime français et espagnol et par la suite en 1803 des États-Unis à avoir participé au développement de ce pays et dans certains cas devenir célèbres. En voici quatre exemples :

Jean-Baptiste Pointe du Sable. Fondateur de Chicago

Né en 1745 à Saint Domingue (Haïti) d’un père blanc officier de marine français et d’une mère noire esclave. Bien que métis, c’est un homme libre qui arrive en Louisiane dans les années 1770. Il s’installe dans le nord près des grands lacs et y mène une vie respectable et active. Il meurt en 1818 et ce n’est qu’en 1968, qu’il est officiellement reconnu comme le fondateur de Chicago. On peut penser que la procédure aurait certainement été plus rapide s’il n’avait pas été métis!

Rosette Rochon. Première femme d’affaires métisse en Louisiane

Originaire de Mobile (Alabama) « Demoiselle Rochon » est née vers 1763 de Pierre Rochon un blanc et de Marianne une esclave mulâtre. Les origines familiales de son père peuvent être retracées en France jusqu’en 1596, il est le premier armateur de Mobile ainsi qu’un planteur et homme d’affaires prospère. Rosette femme métisse libre, a comme son père le sens des affaires, elle s’installe à la Nouvelle Orléans où elle est décède le 5 mars 1863 à l’âge de 100 ans laissant une fortune qui serait évaluée aujourd’hui à plus d’un million de dollars! Elle ne savait ni lire ni écrire!

Henriette Delille – Métisse fondatrice d’une congrégation religieuse

Née à La Nouvelle Orléans en 1812 de Jean-Baptiste de Lille Sarpy, un blanc originaire de Fumel, France et de Marie-Josèphe Pouponne Diaz, créole de couleur (d’ascendance française, espagnole et africaine, née à La Nouvelle-Orléans)

Elle fonde la première communauté religieuse des Sœurs de la Sainte Famille de la Nouvelle-Orléans constituée par des personnes de couleur en Amérique du Nord afin de donner des soins aux pauvres et aux malades. Elle meure en 1862. Elle est considérée comme vénérable par l’église catholique et son procès de béatification est ouvert depuis 1988.

La cause « Plessy VS Ferguson »

Bien avant Rosa Parks en 1955, Homère Adolphe Plessy issu d’une famille de personnes de couleur libres ayant un statut social respectable et une certaine aisance financière refuse en 1896 de céder dans un train sa place à un blanc du nom de Ferguson et de s’asseoir à la place réservée aux noirs.

Il décide de porter la cause en justice, mais la perdra et rien ne changera.

Sources: Vous pouvez également consulter ces sites sur internet. Ils ont permis de documenter cet article : www.rosetterochon.com/www.watson.org/~lisa/blackhistory/post-civilwar/plessy.html – www.bcimall.org/calendar/franuniv/henriette_delille.htmwww.wikipedia.org

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